Fêtes et dates

D’abord célébrée par l’Église de Syrie, au VI^e siècle, cette tradition, qui se diffuse plus tard dans l’Église byzantine, se rattache à des écrits chrétiens des premiers siècles, tels les évangiles apocryphes attribués à Jacques et à Matthieu. Ils racontent la jeunesse de la mère de Jésus, passée sous silence par les quatre Évangiles. Selon ces textes, Marie aurait été présentée par ses parents, à l’âge de trois ans, au Temple de Jérusalem pour y demeurer une partie de son enfance. Les premiers chrétiens ont voulu ainsi souligner le destin hors du commun de Marie, consacrée à Dieu dès son plus jeune âge, tout en éclairant le mystère de sa maternité. En cette fête du début de l’Avent, temps de préparation à Noël, Marie est ainsi honorée comme le temple de Dieu. Les chants et les prières de la liturgie mettent l’accent sur sa sainteté et invitent les fidèles à suivre l’exemple de sa relation intime avec Dieu.

Son histoire est riche: devenu au IV^e siècle évêque de Myre (sud de l’actuelle Turquie), celui-ci s’est vu attribuer plusieurs miracles, dont la résurrection de trois enfants qu’un boucher avait découpés en morceaux et mis dans un saloir. Depuis, on le considère entre autres comme le protecteur des enfants dans l’Église catholique.
La célébration de la Saint-Nicolas est plus ou moins importante selon les régions. Elle est restée exclusivement catholique pendant fort longtemps, les protestants ne vénérant pas les saints. Depuis le Moyen Âge, la coutume veut que saint Nicolas descende, dans la nuit du 5 au 6 décembre, par les cheminées des maisons pour distribuer friandises et cadeaux aux enfants sages. Son pendant est le père fouettard, de tradition plus récente, qui vient punir les enfants méchants.
Il est fort possible que saint Nicolas soit réapparu sous une forme laïcisée, celle du père Noël, mêlée à d’anciennes traditions, essentiellement nordiques comme en témoignent son traîneau et son attelage de rennes. C’est le passage de ce père Noël aux États-Unis, importé par des émigrés européens, qui lui a donné des vêtements rouges. Aujourd’hui, le mélange des populations et la commercialisation de Noël ont uniformisé un personnage composite: saint Nicolas est souvent vêtu de la cape rouge et il a perdu sa mitre, alors que le Père Noël s’appuie parfois sur une crosse épiscopale. En Suisse romande, saint Nicolas est le saint patron du canton et de la ville de Fribourg, où il est au centre d’une importante fête chaque année. Il distribue ce jour-là des biscômes (sorte de pain d’épices, spécialité romande) aux enfants, avec des cacahuètes, des clémentines et des petits chocolats…
Remarquons que certaines régions connaissaient d’autres personnages chargés de distribuer cadeaux ou sortilèges aux alentours de Noël ou de Nouvel An: Tante Arie en Ajoie, la Chauchevieille dans le canton de Vaud, ou encore la fée Befana au Tessin et en Italie.

L’Immaculée conception est l’une des grandes fêtes catholiques consacrées à Marie. Elle a deux origines. La première trouve ses racines dans l’Église orientale où existait, dès le VI^e siècle, une cérémonie commémorant la conception de Marie par Anne, nom donné à sa mère dans des textes chrétiens anciens. Cette tradition a gagné l’Occident, notamment sous l’influence des pèlerins revenant de Terre Sainte. La deuxième origine se rattache à la croyance en l’immaculée conception de Marie. Répandue durant le Moyen Âge dans l’Église occidentale, cette croyance a longtemps été discutée entre théologiens. Elle est devenue, au XIX^e siècle, un dogme (une vérité de foi solennellement proclamée par le pape) de la doctrine catholique selon laquelle Marie, à sa conception, a été préservée de tout péché par une grâce particulière, qui l’a ainsi préparée à répondre au projet de Dieu, dans la venue de son fils Jésus. La fête de l’Immaculée Conception a été étendue à toute l’Église d’occident au début du XVIII^e siècle. Les catholiques la célèbrent par des messes solennelles, notamment dans les sanctuaires mariaux comme Lourdes. Des processions aux flambeaux font aussi partie de la tradition. Elles ont donné naissance aux fêtes, plus profanes, de la lumière, comme celle qui illumine la ville de Lyon en décembre.

Dans une grande partie du monde musulman, la piété populaire a engendré et préservé des fêtes auxquelles l’islam traditionaliste s’est toujours opposé. Il en va ainsi de la célébration de la naissance du prophète Muhammad lors de Mawlid al-Nabi (Mouloud). D’une part, il n’y a aucune mention de cette fête dans le Coran et la sunna (la tradition prophétique). D’autre part, les gardiens de l’orthodoxie musulmane craignaient, et craignent encore qu’elle n’entraîne, à la manière du Noël chrétien, une forme de divinisation du prophète Muhammad alors que, pour l’islam, celui-ci n’est qu’un homme, tout comme Jésus. Célébrée dès le XI^e siècle, tant chez les sunnites que chez les chiites, et légitimée par des théologiens des divers courants de l’islam, cette fête s’est profondément enracinée dans l’islam sunnite, malgré l’opposition des traditionalistes.

Elle célèbre la libération du Temple de Jérusalem par Juda Maccabée et sa re-consécration après qu’il fut souillé par le roi grec Antiochus Épiphane IV. La tradition rabbinique a glorifié l’événement, en commémorant le «miracle» de la dernière fiole d’huile découverte dans le temple saccagé et qui ne brûla pas moins de huit jours!
C’est la raison pour laquelle il est prescrit d’allumer – huit soirs durant – une lumière supplémentaire d’un chandelier à huit bougies (plus une neuvième qui sert à allumer les autres) appelé hanoukkiah. Très populaire chez les juifs d’Europe et des États-Unis, Hanoukkah est aujourd’hui célébrée comme la fête des enfants.

Durant les premiers siècles du christianisme, personne ne semble s’être préoccupé de célébrer la naissance de Jésus. Pâques a longtemps été ainsi la seule fête annuelle de l’Église. D’ailleurs, les chrétiens, comme alors de nombreux peuples, ne fêtaient pas les anniversaires de naissance. Signe révélateur: seuls deux des évangiles (Matthieu et Luc) racontent la naissance de Jésus (sans grande précision sur l’année et sans aucune mention du jour), alors que Paul n’y fait jamais allusion. La date exacte est donc totalement inconnue faute d’intérêt des premiers écrivains chrétiens pour cette question.
Au IV^e siècle (époque où la religion chrétienne a été officiellement reconnue dans l’Empire romain) apparaissent les fêtes de Noël et de l’Épiphanie. La date retenue pour célébrer la naissance de Jésus, le 25 décembre, coïncide avec les grandes fêtes du solstice d’hiver: dies natalis solis invicti (naissance du soleil invaincu). Des éléments communs se retrouvent dans les festivités chrétiennes et païennes : lumière de feux et de torche, banquets…
Selon les points de vue des historiens, cette coïncidence a pu être interprétée comme une récupération chrétienne de fêtes païennes ou comme une affirmation intrinsèquement chrétienne, développant au contact du paganisme des éléments de sa tradition biblique (par exemple « le soleil de justice » annoncé par Malachie 3,20).
La date du 25 décembre s’est imposée en Occident, tandis que l’Église russe et certaines Églises d’Orient, qui n’ont pas adopté la réforme grégorienne du calendrier julien en 1582, célèbrent la naissance de Jésus le 7 janvier.
À partir du XVI^e siècle, certains réformateurs, par exemple à Genève et Neuchâtel, ont tenté de restreindre ou même de supprimer la fête de Noël, jugée trop empreinte de coutumes païennes et non conforme à la tradition évangélique primitive. Mais Noël est restée une fête populaire avec ses traditions très anciennes auxquelles se sont ajoutées des coutumes venant des divers peuples qui ont été christianisés au cours de l’histoire. C’est ainsi, en Europe, qu’aux coutumes venant de la Méditerranée (santons, crèche…) se sont ajoutées des traditions venant du Nord (sapin).